Il y a quelque chose dans la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine qui parle de notre propre situation politique nationale.
Car la véritable victoire de Donald n’est pas seulement celle d’un candidat et de son programme. C’est avant tout celle d’une colère citoyenne, un ras-le-bol général qui s’est exprimé à travers les outrances d’une personnalité controversée au charisme fédérateur.
Ras-le-bol d’un ‘’establishment’’ où les mêmes têtes rejouent les mêmes partitions depuis des décennies, verrouillant le pouvoir à leur seul profit. Ras-le-bol d’un système oligarchique qui ne produit que de la précarité et ne fait qu’accroître les disparités entre les plus riches et les plus pauvres. Un ras-le-bol en forme d’insurrection populaire contre une ‘’intelligentsia politique’’ dont Hillary Clinton en est la représentante la plus emblématique.
A bien des égards, la victoire de Trump, c’est donc le résultat d’un vote par défaut, contre Hillary. Un vote de rejet qui malheureusement, élections après élections, est devenu la règle. Car si l’élection de Trump a été possible, c’est aussi parce qu’à aucun moment il n’a été permis aux électeurs américains de refuser ces choix. Combien étaient-ils pourtant à considérer les 2 candidats comme un choix impossible entre la peste et le choléra ?
En France aussi, la colère des électeurs atteint son paroxysme. En embuscade, le Front National espère bien tirer tous les bénéfices électoraux de l’exemple américain. Malgré des positionnements politiques totalement opposés, les stratégies de communication de Donald et de Marine sont, elles, extrêmement proches.
Dans les deux cas, on retrouve non seulement un discours anti-système dénonçant la complicité d’une presse soumise à l’oligarchie politique en place mais aussi la défense du ‘’peuple’’ comme étendard de campagne. Autre point commun, et non des moindres, l’électorat ‘’de souche’’, à qui ‘’l’autre’’ est présenté comme la cause de tous les maux de nos ‘’blanches’’ sociétés occidentales.
Il ne fait dès lors aucun doute que la victoire de Donald Trump outre-atlantique aura des conséquences sur 2017. Elle risque en effet d’inspirer nombre d’électeurs en rupture avec le système et tentés d’offrir ‘’bêtement’’ leur voix au FN uniquement par rejet de l’ensemble des autres candidats. Décomplexés par l’exemple des cousins d’Amérique, de nombreux indécis qui n’assumaient pas totalement ce vote jusque-là inavouable vont désormais se dire : ‘’Si les Etats-Unis l’ont fait, pourquoi pas nous ?’’.
Ce qui doit nous interpeller dans l’élection américaine est la confirmation d’un sentiment de ras-le-bol partagé dans nombre de pays. Les peuples sont en colère. Ils ne se reconnaissent plus dans ce pouvoir politique castrateur. Après le Brexit Anglais, Podemos en Espagne ou Beppe Grilo en Italie, les Etats-Unis viennent d’exprimer une colère sourde et si grande qu’elle aura su passer outre les déclarations scandaleuses d’un homme sans expérience politique et capable de tous les excès. Une volonté de changement, radicale et aveugle, qui devrait certainement alimenter le vote Autrichien du mois prochain…
Mais cette colère, si elle n’est pas investie en une démarche constructive, peut conduire à toute sorte d’aberrations et de dangers dont notre démocratie n’a pas les moyens de se prémunir. Notre Histoire récente témoigne des conséquences de nos carences démocratiques. Nous devons en tirer les leçons.
Parmi les garde-fous dont elle devrait se parer, la reconnaissance du vote blanc est évidemment la parade indispensable qui nous permettra d’éviter que des régimes autoritaires ou dangereux ne soient mis en place démocratiquement, avec la complicité fortuite des électeurs. En offrant ainsi la possibilité de rejeter tous les candidats, quitte à ce qu’aucun d’entre eux ne soit élu et que le trône de France reste provisoirement vide, la volonté des électeurs l’emportera sur celle des candidats ; l’acte de vote retrouvera sa fonction originelle d’adhésion à un projet politique.
“Le changement, en pire”. C’est peut-être ce qui nous attend en 2017 si on laisse le Front National s’approprier, à tort, le ras-le-bol national des électeurs. Il nous appartient, à nous Citoyens du Vote Blanc, de fédérer ce mécontentement légitime en une alternative non-partisane, pacifique et exigeante.