Le vote blanc n’a pas de couleur
Ce n’est pas la première fois, même si c’est souvent en mal, qu’un responsable politique parle du vote blanc et réalise avec beaucoup d’opportunisme les valeurs qu’il porte.
Souvenez-vous. Le 21 mars 2011, le ministre du Travail, Xavier Bertrand, ex-secrétaire général de l’UMP, appelait les électeurs de la majorité à “voter blanc” en cas de duel entre le PS et le Front National au second tour des élections cantonales.
Le 11 février dernier, François Bayrou annonçait dans son projet de réforme des institutions sa volonté de reconnaissance du vote blanc comme voix exprimée. Il y a moins d’une semaine, c’est le président sortant, Nicolas Sarkozy en personne, qui après avoir tendu une perche au leader centriste sur la question du vote blanc, évoquait lui-même la possibilité de voter blanc en cas de duel PS/FN aux législatives.
Voilà maintenant que Marine Le Pen appelle elle aussi au vote blanc! Qu’est-ce qui leur arrive tout à coup? Le vote blanc aurait-il soudain des vertus jusque-là volontairement oubliées? Réaliseraient-ils aujourd’hui ce que nous leur crions, nous, citoyens et responsables associatifs, depuis 20 ans? Tout ceci n’a aucun sens.
- A quel endroit peut-on lire quelque chose à propos de la reconnaissance du vote blanc dans le programme du Front National? En fait, pas un mot n’y est consacré.
- Qu’ont-ils fait ces responsables politiques depuis qu’ils occupent un poste dans un gouvernement ou sur le siège d’une assemblée? Rien!
- Combien de propositions de loi ont-ils défendus en faveur du vote blanc alors qu’une trentaine de textes dormaient déjà sous la poussière de leur indifférence? Aucun.
- Ont-ils seulement tenté d’ouvrir le débat ou d’engager une concertation sur le sujet? Non.
- Qu’a-t-il fait notre président sortant alors que depuis 5 ans il est mieux placé que quiconque pour engager les réformes nécessaires à cette République qu’il nous a si souvent vantée comme exemplaire?
Outre l’arrogance et le mépris, le point commun entre ces diverses déclarations tient dans la vacuité du propos. Un opportunisme de circonstance qui n’est qu’une insulte de plus lancée non seulement aux électeurs mais aussi à tous les citoyens.
Mais nous n’allons quand même pas bouder notre plaisir. Même si l’extrême droite nous offre une publicité façon “Benetton”, les professionnels du marketing se réjouiraient d’un tel éclairage inattendu sur une question de fond plébiscitée par les électeurs et curieusement boudée par le législateur.
Est-il besoin de rappeler le nombre de personnalités, d’artistes ou d’intellectuels, favorables eux-aussi à cette reconnaissance du vote blanc ou ayant déjà eu recours au vote blanc dans leur vie d’électeur? De Michel Onfray à Francis Lalanne, en passant par Mathieu Kassovitz, Eddy Mitchel, Albert Dupontel ou José Saramago, prix Nobel de littérature, ils sont nombreux à s’être exprimés sur le sujet.
Non, le vote blanc n’a pas de couleur. Il exprime un simple -mais clair- rejet d’une classe politique aveuglée par son incompétence et son discours démagogique. Et si cette revendication citoyenne trouve soudain aux yeux de certains de ses responsables un intérêt si opportun, nous ne sommes pas dupes pour autant.
Le moment venu, nous saurons leur rappeler qu’en d’autres circonstances le vote blanc, finalement, n’était pas un vote nul!
Stéphane GUYOT
Président du Parti du Vote Blanc